3000 dollars. Voilà la somme qu’il vous faudra (au minimum) dépenser pour pouvoir vous offrir la machine que vient de présenter Microsoft à New York. C’est davantage que le plus cher des iMac. Mais nous avons pu jouer quelques heures avec, et force est de constater qu’il s’agit aussi d’un ordinateur plus innovant que ceux que propose Apple.
D’abord, il y a le design. Comment faire un tout-en-un qui ne singe pas complètement la magnifique machine de Cupertino ? Microsoft a, selon nous, réussi ce pari : en incorporant toute l’intelligence dans la base de l’engin, il parvient non seulement à faire du Surface Studio un PC élégant, mais également à affiner au maximum sa dalle 28 pouces, présentée comme « le plus fin des moniteurs LCD du marché ».
L’ensemble est particulièrement réussi, et répond aux canons du design industriel. Le Studio est moins rond, moins sensuel qu’un iMac, mais de cet ordinateur émane une sensation de solidité et de puissance tranquille, confortée dès la première prise en main. La dalle, pourtant lourde, s’incline d’un doigt, comme si elle ne pesait rien. Les charnières qui la soutiennent sont aussi esthétiques que solides. Et la base tellement discrète qu’on l’oublie très vite tant on est absorbé par l’immense écran.
A propos d’écran, Brian Hall, vice-président de Microsoft en charge de Surface, n’a pas l’emphase dans sa poche. A l’occasion d’une interview, il nous a asséné que le Studio disposait selon lui « de l’écran le plus éblouissant qui ait été conçu jusqu’à présent ». Il est vrai que les chiffres impressionnent : 28 pouces, une définition de 4500 par 3000 pixels, soit une résolution de 192 ppp… C’est moins que l’iMac 5K (qui atteint 218 ppp) mais, à vrai dire, il est impossible de le remarquer à l’oeil nu. Le Studio est juste splendide. Et on apprécie le ratio 3:2, adapté aux besoins des créatifs… Mais ce qui fait surtout sa différence, c’est qu’il est tactile et adapté au travail au stylet. On peut l’incliner jusqu’à un angle de 20 degrés pour travailler avec, comme on le ferait sur une planche à dessin. Et ça marche superbement bien : on a l’impression d’avoir sous la main une gigantesque feuille de papier ; le stylet (livré avec l’appareil, ouf !) obéit au doigt et à l’oeil et on peut réellement travailler avec précision sur l’écran.
Pour parfaire sa conquête des créatifs, Microsoft a aussi intégré une technologie baptisée True Color – notamment mise au point par Abhijit Sarkar, un ancien de Technicolor qui a fait ses classes à Nantes. Elle permet de passer de l’espace couleur sRGB au DCI-P3 à la volée. Idéal pour les professionnels de l’image qui veulent connaître le rendu de leurs contenus sur différents moniteurs.
Surface Dial, un compagnon presque indispensable
On a adoré Surface Dial, que nous ne manquerons pas de mettre dans les mains de graphistes pour nous dire ce qu’ils en pensent. Cet accessoire, qui sera compatible avec l’ensemble des ordinateurs Windows 10, est présenté comme le compagnon idéal de ceux qui créent avec Surface Studio. Il s’agit d’un périphérique Bluetooth (fonctionnant à piles, et vendu séparément) qui propose une interface supplémentaire pour accéder aux principales fonctions de ses logiciels préférés. Et on est loin du gadget : Dial agit comme une molette, doublée d’un bouton à presser, qui peut avoir mille utilités. Par exemple, en tournant la molette, on peut annuler ou revenir à ses modifications précédentes, changer la couleur ou l’épaisseur de ses pinceaux, avancer ou reculer dans une présentation Powerpoint…
Bien que compatible avec les Surface et Surface Pro, il prend toutefois tout son sel avec Surface Studio. Si vous le posez sur l’écran, il est intégré à l’interface de l’application. Un menu circulaire apparaît autour de l’engin. Vous pouvez dès lors l’utiliser comme un élément d’interface, ce qui vous évite de passer par les menus traditionnels pour changer d’outil, de couleur, d’épaisseur de trait… C’est particulièrement pratique sur un écran aussi grand. A l’utilisation, c’est assez magique, voire futuriste : Dial réagit à vos moindres sollicitations d’un léger retour haptique, et on se fait très vite à cette nouvelle manière d’interagir avec l’ordinateur. Très bien vu.
L’innovation, ça se paie… cher
Microsoft a fait de son Studio un PC d’exception. Cela se voit également dans les composants choisis pour faire tourner la machine. Un processeur Core i5 et 8 Go de Ram sont de la partie pour la config’ minimale. Tout comme un disque hybride d’au moins 1 To. On peut juste regretter que Microsoft n’ait pas – tant qu’à faire – choisi les toutes nouvelles puces Nvidia, se contentant de modèles d’ancienne génération.
Côté connectique, on note la présence de quatre ports USB 3.0 classiques (on nous a gentiment fait remarquer que l’USB-C ne servait pas à grand chose pour le moment), d’une prise mini DisplayPort, d’une prise jack, d’un port SD et d’une prise Ethernet. A l’avant, on trouve une caméra 5 MPixels, compatible Windows Hello (pour l’identification biométrique) et deux micros, histoire que Cortana réponde à vos sollicitations de l’autre bout de la pièce. Nous n’avons malheureusement pas pu essayer ces derniers, tant il y avait de bruit dans le showroom.
Surface Studio est terriblement beau et efficace… Reste l’épineux problème du prix et de son utilité pour le grand public. Comme Surface Book, cette machine a un tarif tellement élevé qu’elle en devient carrément élitiste. D’autant que 3000 dollars, c’est le prix de base : si vous désirez un Core i7, une meilleure carte graphique et un plus gros disque hybride, il vous faudra payer plus de… 4000 dollars !
Ce PC n’en reste pas moins, selon Microsoft, un “PC pour tous”. En témoignent les nombreuses machines de démo qui faisaient tourner Forza Horizon 3, le nouveau jeu de course maison, sur des Studio haut de gamme durant la conférence. Pas en 4K, évidemment (1920 x 1080 seulement) et avec des détails en « moyen ». Mais Redmond a tenu de cette manière à nous rappeler que sa nouvelle machine n’était pas exclusivement réservée aux pros. Qu’il espère bien voir aussi les power users s’emparer du Studio. Mais ont-ils vraiment besoin d’un tel engin ? Pas sûr du tout.
Qu’importe à vrai dire. Microsoft a réussi son pari, comme l’année dernière avec Surface Book : se montrer comme un firme qui innove, qui montre la voie à un marché de l’ordinateur personnel en crise. Ce soir, Apple va annoncer de nouveaux ordinateurs. On ne sait pas si la marque mettra à jour ses iMac. Mais si ce n’est pas le cas, la gamme actuelle va prendre comme un petit coup de vieux…
D’après nos informations, Surface Studio sera disponible en France au premier trimestre 2017. On ignore encore à quel prix.